Transkrypcja artykułu Podpułkownika M. R. Debourge ze Spectateur Militaire z 1834 o systemie Ivanowskiego
10 września 2018
C'est une double séduction bien puissante que le titre de Polonais et le style chaleureux d'un général de la création de l'empire : tout cœur animé de patriotisme et de sentimens élevés, se sent entraîné comme par un charme, vers de tels mobiles. En matière de Scoprations, pour me servir du néologisme essayé par l'auteur de l'introduction de l'ouvrage dont nous présentons l'examen, toute voie prestigieuse est à éviter; les sentimens de confraternité et d'estime doivent fléchir devant l'esprit d'impartialité qu'exige l'intérêt du pays.
D'ailleurs, toute question qui a pour but des découvertes, des modifications ou des changemens militaires, est d'une importance telle, que l'opinion publique doit s'en occuper; elle est de son domaine par son action et par ses conséquences générales : des succès ou des revers peuvent s'en suivre!
Je partage donc l'opinion de monsieur le général, quant à la convenance d'une enquête sur une question aussi importante que celle dont s'est long-temps et honorablement occupé l'officier polonais Ivanowski, c'est pourquoij'ose, pour ma part, comme officier de cavalerie légère, présentericiles réflexions que m'ontsuggérées une longue pratique et de fréquentes observations appliquées à mon arme. Puissent-elles prouver au tribunal suprême de l'opinion dominante, et ma vive sympathie pour un peuple héroïque opprimé, et mon zèle dans la recherche des vrais principes.
Si comme l'auteur des préliminaires du nouveau système de sabre et d'escrime, nous reportions nos souvenirs sur les différentes formes de sabre ou d'épée tranchante, en usage depuis les temps reculés, nous nous croirions obligés à des recherches scientifiques de la nature de celles de M. le général Bardin; mais tout en désignant les époques où les diverses formes de ces armes ont été employées, et les peuples chez lesquels elles ont pu contribuer à fixer la victoire, nous serions amené à reconnaître la supériorité du sabre droit, ou forte épée, auquel l'avantage est resté chez les Grecs, chez les Romains et parmi les peuples modernes.
Quant à la forme relative, à la pesanteur spécifique, à la répartition du poids de cette arme par rapport à la puissance qui lui sert de levier, et au genre d'escrime qui en détermine les mouvemens offensifs et défensifs, les variantes sont généralement en harmonie avec les divers systèmes qui leur sont propres; et sans vouloir atténuer le mérite de celui de l'officier polonais Ivanowski, nous croyons pouvoir démontrer à monsieur le général, que le modèle de sabre en usage dans la cavalerie française, loin d'être le résultat de la routine, est au con traire la solution du problème résolu par la statique et la géométrie appliquées à l'escrime française, qui est infiniment supérieure à toute autre.
De là, des coups de pointes si fréquens et si meurtriers qui rendent nos duels, avec le sabre français, trop souvent tragiques et qui, sur les champs de bataille, nous font accuser de perfidie par nos ennemis démoralisés. De là, cette suprématie incontestable de la cavalerie française dans les charges, toutes les fois qu'elle n'est pas pitoyablement montée.
Mais ces puissantes considérations en faveur du sabre droit et même de celui à la Montmorency, dont la légère courbure sert à lui donner un avantage pareil à celui
qu'obtient, dans le dégagement sur les armes, le fleuret passé sous le pied. Ces considérations, disons-nous, ne détruisent pas le mérite du système de M. Ivanowski, sous le rapport de son modèle de sabre de cavalerie légère.
Toute chose a deux valeurs, l'une intrinsèque, l'autre relative; aussi le sabre proposé deviendrait-il une arme terrible dans la main de l'homme de recrue de la plupart des provinces frontières, habitués qu'ils sont à manier, tout ensemble, le bâton ou le fouet pesant du bout, et leur cheval; mais ce serait surtout dans les longues guerres, ou bien s'il advenait qu'on diminuât encore la durée du service exigé par la loi, que l'on reconnaîtrait l'avantage de ce sabre dans des mains inhabiles à l'escrime académique. C'est alors que la comparaison de la frondeet surtout celle de la cognée trouverait une juste application, et que ces cavaliers, pour ainsi dire improvisés, apparaîtraient pourtant redoutables à l'ennemi, puis qu'ils seraient, par analogie, familiarisés avec une arme dont ils sauraient diriger les coups meurtriers, ayant toutefois, l'adresse et la force que ce sabre nécessite.
C'est donc spécialement aux housards qu'il conviendrait de donner cette arme blanche, s'ils étaient enfin formés et instruits dans l'esprit de la nouvelle ordonnance sur le service en campagne, et si le service de partisans devait être principalement fait par eux; car, sans ce but, ils seraient choisis parmi les habitans des frontières déjà cités, et employés, autant que possible, en raison de la proximité de leur pays et de celui envahi.
La notice qui fait suite au préliminaire est écrite avec talent et conviction; elle démontre parfaitement l'avantage du nouveau sabre dont les proportions et les coups ont pour eux l'autorité de la statique; mais nous devons à l'expérience et à l'étude des règles de l'escrime de la pointe, la certitude d'un fait exposé plus haut et que tend à détruire certain théorème de l'auteur, lequel confond, je ne sais pourquoi, l'action du levier de pre mier genre qu'il approprie au coup de son sabre, la résistance étant au bout qui frappe, et celle du levier de troisième genre qui s'applique à toute parade comme à tout coup de sabre ou de pointe, puisque dans ces cas, le fer ou le corps de l'adversaire devient la résistance, l'épaule et le corps du combattant, le point d'appui et la contraction de ses muscles, la puissance par rapport à son sabre et aux os de son bras considérés comme levier. Tandis que, dans les coups de sabre, le collaborateur de M. Ivanowski voit la force de percussion presque exclusivement dans la pesanteur de l'extrémité de la lame : alors, et toujours selon lui, la puissance (ou les muscles du bras et de la main) n'a plus besoin que d'une force motrice assez faible et venant des doigts, pour imprimer au sabre, les mouvemens de rotation qu'il opère sur la paume de la main considérée comme son point d'appui. Mais dans ce cas même, le levier est du troisième genre, car la puissance est appliquée, si peu que ce soit, au-delà du point d'appui, et il faut encore le reporter à l'épaule pour effectuer tous les grands mouvemens démontrés par l'auteur du nouveau maniement du sabre. La force d'impulsion sera donc toujours quoi qu'on fasse, en raison de la force musculaire.
Sans contester à M.Ivanowski, les avantages qu'il trouve dans une simple branche évasée à la poignée, nous regrettons que la répartition du poids de son sabre
l'ait obligé à supprimer jusqu'à la sous-garde cuvette, qui peut seule préserver la main du cavalier des coups fréquens auxquels elle est exposée et qui, trop souvent
le mettent hors de combat.
Nous doutons que la courbe du sabre bancal puisse varier sans désavantage, tant pour sabrer que pour pointer, et nous croyons fermement, par l'effet analogue de la hache d'une part, et du fleuret passé sous le pied de l'autre, qu'il importe beaucoup que la courbe ne se prononcé que vers l'extrémité offensive de la lame.
L'éloge du sabre anglais et hongrois, devait trouver sa place dans la notice du traité que nous examinons. C'est la conséquence naturelle du rapport qui existe entre cette arme et celle proposée par monsieur l'officier polonais. C'est aussi chez les peuples, l'effet irrésistible d'homogénéité d'origine ou celui d'habitudes analogues entre elles. Mais, en Pologne, l'arme nationale est la lance, et c'est aux Polonais que tous les peuples européens en ont emprunté le maniement. Il n'en est point ainsi du sabre dont la nationalité peut être considérée comme hongroise, sous le rapport de la taille (laissant en dehors de la question, les fameux Mamelucks), et comme française quant à l'estoc. C'est par conséquent à tort, selon nous, que l'auteur de la notice prétend que différens peuples, confondant l'usage du tranchant et celui de la pointe, rendent la forme de leur sabre vicieuse pour l'un et pour l'autre cas : chacun au contraire, l'approprie à son genre de combat; la question se résume donc ainsi : quel est le plus destructeur, du coup de tranchant ou du coup de pointe ?
Sans doute le coup de sabre d'un cavalier anglais ou d'un housard hongrois est terrible, s'il n'est mortel, toutes les fois que le grand mouvement qu'il nécessite ne l'a pas fait prévenir par le coup de pointe de son adversaire, ou qu'il n'est pas porté à plat, car la monture tourne facilement dans la main; mais ces deux cas se sont fort souvent offerts dans nos guerres.
Il est rare d'ailleurs, que la ligne courbe décrite en sabrant, ne se termine pas au point frappé et que ce point soit complètement vulnérable; ainsi l'avantage de l'atteindre n'est pas d'ordinaire concluant, tandis que l'effet du coup de pointe bien dirigé, est presque toujours décisif.
Nous ne croyons pas nous écarter de la question, en faisant remarquer ici , les avantages et les inconvéniens du maniement du sabre démontrés dans l'ordonnance du 6 décembre 1829. En l'empruntant à monsieur le chef d'escadron Muller, qui est peut-être l'homme qui a le mieux compris et mis en pratique toutes les ressources de cette arme, il fallait au moins charger de sa définition, dans un ouvrage classique aussi important que le réglement, un militaire exercé à l'escrime académique; il en eût éliminé les faux principes dans les définitions de certaines parades et de certains coups de taille qu'il renferme : leur pratique fréquente dans notre cavalerie, donne aux hommes le moyen de se faire tuer dans les règles, principalement par l'infanterie et les lanciers..... A cela près les mouvemens sont bien définis et réduits à leur plus simple expression; ils sont aussi précédés avec avantage, par les moulinets qui servent essentiellement à délier le poignet.
Nous nous demandons pourquoi M. Ivanowski s'est privé d'un si grand avantage, que réclame, plus que tout autre, le maniement de son arme.
Lintéressant officier polonais dont nous examinons l'ouvrage didactique, en même temps que le système que présente le modèle de son sabre, nous pardonnera de répondre à sa modestie par notre franchise. Il offre assez d'élémens favorables à la guerre pour ne pas craindre quelques observations, dans lesquelles il verra sans doute l'intention du conseil, plutôt que l'esprit de la critique, et nous n'aurons fait en cela, que répondre à son honorable desir.
La forme de la démonstration adoptée par M. Ivanowski, ne peut convenir à l'explication théorique ; notre ordonnance sur les exercices et les évolutions, est, sous ce rapport, un excellent modèle qu'il ferait bien d'imiter, avec l'aide d'un officier français éclairé; il devrait aussi se renfermer dans la concision de ce type de rédaction didactique, et s'attacher à ne donner que le plus petit nombre possible de définitions de coups et de parades, afin de mettre son instruction à la portée de l'intelligence et de la mémoire des soldats de cavalerie aux quels elle est destinée.
Il aurait surtout à éviter les fausses parades et les coups dangereux dont ladite ordonnance n'est pas exempte; par exemple : la parade décisive contre la baïonnette ou la lance, qui doit être obtenue, dans tous les cas, par le demi-cercle ou même par l'octave, conservant la main en ligne par rapport à la partie menacée, et relevant la baïonnette ou le fer de la lance, en le prenant du fort au faible avec toute la force qu'exige une telle parade, mais sans frapper; par ce moyen on se réserve, pour riposte, le coup de sabre de revers ou le coup de pointe en tierce.
Quantaux coups de sabre dangereux,je signale comme tels, tous ceux, offensifs ou défensifs, qui découvrent le cavalier devant le coup droit de son adversaire, puisque ce coup surtout avec le sabre français, qui a beaucoup de chasse dans le poids de la poignée, est aussi prompt et aussi meurtrier que la foudre.
Enfin j'engage l'auteur du nouveau maniement de sabre, à se dissuader de l'idée que les nombres impairs d'un premier rang de cavalerie, peuvent détourner deux pointes adverses de la poitrine des leurs, tandis que les nombres pairs de la même troupe, distribuent des coups de sabre à loisir et même rapidement. ... C'est là une étonnante erreur, qui serait funeste à ceux qui la commettraient, par la même raison que, dans une lutte particulière, le cavalier qui s'obstinerait à maîtriser le fer de son adversaire en cherchant toujours le dessus des armes, courrait le risque d'en sentir promptement la pointe dans son corps.... : ce n'est pas là le cas de sabrer, mais bien celui de tromper le contre en rendant la main telle qu'elle se trouve, et il ne faut, pour cela, ni force ni beaucoup d'adresse, mais seulement un peu d'habitude de la salle d'armes. C'est donc, en résumé, aux principes qu'on y reçoit qu'il faut subordonner tous les coups de sabre et toutes les parades à enseigner dans l'escrime à cheval.
C'est ce qui reste à faire, et ce dont M. Ivanowski doit s'emparer pour le plus grand succès de son maniement de sabre modifié, en mettant de côté tout entraînement d'habitude et tout esprit de nationalité.
A ce prix, notre digne novateur aura rendu un service réel au pays qui l'adopta, et qui ferait bien alors d'adopter son système pour la cavalerie légère.